Marche à travers la jungle mystérieuse de la
Nouvelle Guinée en compagnie de porteurs papous vêtus de l’étui
pénien, rocher calcaire d’une beauté à couper le souffle... Voilà un
petit aperçu d’une expédition particulièrement exceptionnelle...
Le Puncak Jaya ou pyramide Carstensz est une montagne
d'Indonésie située sur l'île de Nouvelle-Guinée, dans la province de
Papouasie. Ses 4 884 mètres d'altitude font de cette montagne le
point culminant de l'Indonésie et de l'Océanie, ce qui l'inscrit
dans la catégorie des sept sommets, et place la Nouvelle-Guinée en
première position dans le classement des îles par altitude.
Découverte par le Néerlandais Jan Carstenszoon en 1623, la montagne
n'est approchée qu'au début du XX siècle et n'est gravie qu'en 1962
en raison de sa relative inaccessibilité. La présence du Puncak Jaya
dans la liste des sept sommets attire cependant de nombreux
alpinistes désireux de gravir les points culminants des sept
continents.
Le Puncak Jaya et les sommets voisins sont un des rares endroits à
présenter des glaciers sous des latitudes équatoriales. Ces quelques
glaciers, dont le glacier Carstensz qui s'étend sur la face
orientale du Puncak Jaya, sont les restes d'une calotte glaciaire
beaucoup plus importante qui a commencé à régresser à la fin de la
dernière période glaciaire il y a 12 000 ans. Inclus dans le parc
national de Lorentz, le Puncak Jaya est situé à proximité de la mine
de Grasberg, une mine à ciel ouvert constituant un des plus
importants gisements d'or et de cuivre au monde.
Première ascension : 13 février 1962 par Heinrich Harrer, Albert
Huizenga, Russell Kippax et Philip Temple.
« Sur l'Aigera, je voulais tester mes compétences, dans l'Himalaya,
j'ai appris à connaître la solitude, au Tibet, des personnes hors du
commun. Sur l'île de Nouvelle-Guinée, j'ai retrouvé tout cela. »
— Heinrich Harrer
INDONESIE - IRIAN JAYA
Sur plus d'un huitième du tour de la Terre, du socle continental de
l'Asie à celui de l'Australie, de part et d'autre de l'équateur,
l'Indonésie est un arc insulaire qui prolonge les chaînes
eurasiatiques entre les immensités de l'Océan Indien et du
Pacifique.
Avec près de 182 millions d'habitants, l'archipel indonésien se
place au 5ème rang des pays les plus peuplés de la planète. La
population est composée de multiples groupes ethniques, mais en
dépit de cela le peuple indonésien a une conception profonde de
l'unité qu'il réussit à maintenir malgré tout.
"Unité dans la diversité" est la devise nationale depuis plusieurs
siècles.
IRIAN JAYA
Il s'agit de la partie indonésienne de la Nouvelle-Guinée.
Superficie: 420 000 km2 (soit 22% de la surface du pays)
Densité: 8 habitants/km2 (soit 0,7% de la population totale)
L'Irian Jaya est une des dernières terres sauvages de la planète.
Elle est peuplée de 995 000 Papous divisés en tribus qui s'ignorent
ou se battent en véritables guerres tribales.
Vêtus la plupart du temps de l'étui pénien en bambou, les Papous
vivent à l'état "primitif". Ils sont animistes et parlent des
dialectes selon leur localisation.
Une ombre au tableau :
Des problèmes politiques sont à souligner: les autorités essaient de
mettre fin au cauchemar démographique (la population augmente de 3
millions d'habitants chaque année) en installant les Javanais vers
des régions moins peuplées comme L’Irian Jaya.
Mais le million de Papous ne peut supporter sans dommage la venue de
près d'un million de Javanais sur leur île comme le souhaite
Djakarta.
La Nouvelle Guinée, la plus grande île de l'Océanie et la seconde du
monde, est située au nord de l'Australie. Sa superficie est une fois
et demie celle de la France.
Les habitants aborigènes sont les Papous; le type pur vit dans la
partie méridionale et dans la partie occidentale de l'île; le long
de la côte septentrionale, on dénote une influence mélanésienne.
Cette population est restée au stade primitif de notre préhistoire :
elle allume du feu en frottant des silex ou des dents de requin;
elle se sert de haches à lame de pierre ou de coquillage.
Leurs maisons reposent sur des pilotis hauts parfois de plusieurs
mètres; elles sont quadrangulaires avec le toit en dos d'âne ou bien
rondes. Des planches de palmier ou de mangrove forment le plancher;
un tronc incliné devient l'escalier d'accès; les murs et le toit
sont en écorce et feuilles de sagoutier ou de palmier. L'ameublement
se compose de nattes, d'oreillers en bois, de mortiers, de pilons,
de récipients pour les aliments qui sont cuits dans des marmites de
terre, dans des coquilles ou des coques de noix de coco ou tout
simplement en les tenant au-dessus de la flamme.
Les vêtements des hommes se limitent à une ceinture de fibres
végétales ou de peau attachée sur les côtés; les femmes portent une
jupette de fibres végétales et se parent de colliers, de boucles
d'oreilles et de bracelets. Elles consacrent beaucoup de soins à
leur coiffure et se servent de peignes de bambou.
La Nouvelle Guinée est dominée par une série de reliefs montagneux,
légèrement incurvés en arc, qui sur 2000 kilomètres de longueur en
constituent l'épine dorsale, d'une largeur moyenne de 150
kilomètres.
Plus elle se dirige vers l'ouest, plus cette épine dorsale s'élève
et, des 3000 et 3600 mètres des monts Victor Emmanuel et des monts
Orange, on passe aux 4000 des monts Nassau.
Puis les monts du Carstensz culminent à 5000 mètres.
Le massif du mont Carstensz se situe dans l'IRIAN JAYA, partie
occidentale et indonésienne de Nouvelle Guinée.
Sur les versants nord, LE PUNTJAK DJAJA: les faces rocheuses
verticales de plus de 800 m de dénivelée ressemblent aux parois des
Dolomites (calcaire rugueux). Les prises nombreuses rendent certains
passages verticaux ou surplombants anormalement faciles (voie
ouverte par R. MESSNER). Sur les versants sud, des pentes neigeuses
ou des glaciers arrondis facilitent les descentes.
CLIMAT
Du fait de sa latitude proche de
l'équateur, le climat présent en Nouvelle-Guinée est de type
équatorial mais dominé par l'influence de la zone de convergence
intertropicale. Cette zone est caractérisée par de forts mouvements
convectifs de l'atmosphère induits par la convergence des alizés en
provenance des hémisphères Nord et Sud. Néanmoins, cette zone de
convergence intertropicale subit une faible saisonnalité et se
trouve au-dessus de la Nouvelle-Guinée lors de l'hiver dans
l'hémisphère Nord. Le Puncak Jaya influence aussi grandement le
climat local en raison de son altitude d'une part mais aussi de la
topographie, contribuant ainsi à créer un microclimat.
Ainsi, tandis que les plaines et les
contreforts des monts Maoke sont soumis à un climat typiquement
équatorial caractérisé par des températures élevées et une forte
pluviométrie répartie tout au long de l'année, le Puncak Jaya et les
sommets environnants connaissent une influence montagnarde typique
des hauts sommets situés aux latitudes proches de l'équateur.
Ce
microclimat présente certaines caractéristiques communes au climat
équatorial des basses altitudes comme une faible variabilité
annuelle des températures de l'ordre de 0,5°C et une forte
pluviométrie mais il se différentie par une variabilité saisonnière
dans la répartition des précipitations et l'ensoleillement. Ces
précipitations connaîtraient ainsi un maximum annuel entre
fin-décembre et fin-mars par extrapolation des mesures effectuées au
mont Wilhelm situé en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Le taux élevé
d'humidité atmosphérique, 88 % en moyenne et jusqu'à 100 %,
entretenu par les fortes températures et la proximité de la mer d'Arafura
située à environ quatre-vingts kilomètres à vol d'oiseau expliquent
cette relative constance annuelle des températures.
La convection
provoquée par les masses d'airs chaudes et humides en provenance du
sud et butant contre les monts Maoke sont à l'origine de la
formation de nombreux nuages qui déversent leur humidité sur les
flancs du Puncak Jaya sous la forme de pluie mais aussi de neige.
Cette pluviométrie, qui atteint 5,5 mètres par an en-dessous de
3 500 mètres d'altitude, est sensiblement du même ordre de grandeur
à haute altitude. Il pleut ainsi plusieurs heures par jour même à
haute altitude, généralement de la fin de la matinée ou du début de
l'après-midi jusqu'à la fin de la nuit. Ces précipitations peuvent
se faire sous forme de neige lorsque les températures deviennent
négatives comme c'est souvent le cas la nuit. Cette couche de neige
atteint des épaisseurs entre quinze et trente centimètres au petit
matin mais fond rapidement au cours de la journée, notamment lorsque
la neige laisse place à la pluie.
L'absence de données
météorologiques précises est due à l'inexistence de station
météorologique dans le secteur du Puncak Jaya et plus
particulièrement à très haute altitude. Les chiffres les plus précis
ont été obtenus lors des Carstensz Glaciers Expeditions qui
ont installé des instruments de mesure la première fois entre les
mois de décembre et mars et la seconde fois en février ainsi que par
des alpinistes qui ont relevé ponctuellement des températures.
Ainsi, si les températures peuvent varier de 12 °C
à 37 °C la journée avec une hausse rapide lorsque le soleil
se lève, elles peuvent descendre à -8 °C au camp de base à 4 300
mètres d'altitude et jusqu'à -10 °C au sommet du Puncak Jaya. Ces
températures présentent une moyenne quotidienne variant entre 2,5 °C
et 6,5 °C entre les mois de décembre et mars, chiffres à généraliser
à l'ensemble de l'année en raison de leur faible variabilité.
Le vent, qui est généralement faible
avec une moyenne légèrement supérieure à deux mètres par seconde et
un maximum à quatre mètres par seconde, présente une variabilité
nycthémérale. Le jour, les vents sont anabatiques en s'élevant
depuis le fond des vallées vers les sommets le long des parois de la
montagne tandis que la nuit le phénomène a tendance à s'inverser
pour donner une circulation catabatique avec des vents se dirigeant
vers les vallées depuis les sommets. Ce régime de brise de montagne,
combiné aux autres facteurs atmosphériques et à l'altitude, augmente
la rapidité du changement du temps si bien qu'au cours d'une même
ascension, les alpinistes peuvent être confrontés au soleil, à la
pluie et à la neige
FAUNE
Les plus hauts sommets des monts
Maoke étant intégralement entourés d'une forêt pluviale, les espèces
montagnardes vivant sur les plus hauts sommets de cette chaîne de
montagne dont le Puncak Jaya présentent de fortes différences avec
celles vivant à plus basse altitude.
Ainsi, les espèces du sommet du Puncak Jaya sont plus fortement
apparentées aux espèces vivant dans les régions tempérées des
hémisphères Nord et Sud que celles vivant à quelques dizaines de
kilomètres dans les plaines de Nouvelle-Guinée
Aucune expédition scientifique menée
dans le but d'inventorier la faune du Puncak Jaya n'a eu lieu si
bien que les connaissances actuelles sont parcellaires.
En ce qui concerne les invertébrés, les seuls recensés sont cinq
espèces de papillons. Les
oiseaux sont plus nombreux car 26 espèces ont été recensées.
En ce qui concerne les mammifères, vingt espèces ont été
répertoriées soit par observation, soit par capture, soit par
identification d'ossements.
Il s'agit de dix espèces de marsupiaux, de huit espèces de rongeurs,
ainsi qu'une espèce de canidé, le chien.
La majorité de ces espèces ne sont toutefois plus présentes à ces
altitudes élevées non pas en raison de changements climatiques ou
d'un changement du biotope mais vraisemblablement sous la pression
de la chasse pratiquée depuis 5 000 ans dans les pelouses alpines du
Puncak Jaya ainsi qu'en raison de l'arrivée de nouveaux prédateurs
représentés par le chien
ASCENSIONS
La voie d'ascension
la plus facile pour le sommet du Puncak Jaya est la « Voie normale »
ou « Voie Harrer », du nom d'Heinrich Harrer, le chef de la première
expédition ayant gravi la montagne. La difficulté de cette voie est
évaluée par l'UIAA de III à IV sur la majeure partie du trajet entre
le camp de base et le pied du dernier mur. Le dernier mur est
constitué d'une paroi rocheuse quasiment à la verticale de 80 mètres
de hauteur où la difficulté augmente pour atteindre V à V+. La roche
étant très dure, il y a très peu de rochers instables et d'éboulis
si bien que ce passage pose généralement peu de difficultés. Une
fois cette falaise franchie, la progression se fait sur une arête
rocheuse en dents de scie jusqu'au dernier obstacle, une falaise de
dix mètres de hauteur mais totalement lisse ce qui fait augmenter la
difficulté de VI à VII+. Cette dernière falaise peut être soit
escaladée à l'aide de poignées bloquantes, soit contournée. La
descente du sommet se fait ensuite essentiellement en rappel. Cette
ascension aller-retour entre le camp de base et le sommet par cette
voie dure de douze à quinze heures
Deux autres voies
existent pour atteindre le sommet mais elles sont plus difficiles.
L’American Direct propose une ascension directe vers le
sommet essentiellement par de l'escalade. Cette voie exposée est de
difficulté croissante à mesure que l'on s'approche du sommet. La
troisième voie, l’East Ridge, est de difficulté intermédiaire
entre la « Voie Normale » et l’American Direct. Elle offre
une progression dans des terrains accidentés, donc avec un risque de
chute de rochers, et avec quelques passages plus escarpés
Le climat équatorial
présent dans la région entraîne une faible variation annuelle des
températures et des précipitations. Ces conditions climatiques font
que l'ascension du Puncak Jaya peut être entreprise tout au long de
l'année malgré son altitude proche des 5 000 mètres. La meilleure
période de la journée pour gravir le sommet est de cinq heures du
matin à deux heures de l'après-midi lorsque les précipitations sont
en principe absentes. En revanche, le temps changeant rapidement à
cause de l'altitude, des conditions climatiques aussi variées que du
soleil, de la pluie et de la neige peuvent être rencontrées au cours
d'une même ascension.
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