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Kangchenjunga2011 |
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22 heures le 18 mai : comme prévu, nous sortons de la tente, il neige. Nous nous réjouissions de faire l'ascension sous la pleine lune, elle n’apparaît que faiblement et disparaîtra une heure plus tard. Si l'apparition des prévisions météo il y a une dizaine d'années a considérablement augmenté les chances de sommet, cette science reste inexacte, en particulier cette année. Notre choix de tentative aujourd'hui est plus conditionné par manque de nourriture et de gaz que par le bulletin météo ! Nous avions convenu au camp de base de mettre en commun nos ressources avec d'autres groupes pour faire la trace ; ce matin, c'est par leur absence que brillent les lampes frontales... Hier pourtant, un semblant de coopération avait vu le jour : quatre sherpas de différentes équipes avaient posé des cordes fixes jusqu'à 8000 mètres sur un terrain qui n'en nécessitait pas vraiment. C'est donc seuls que nous prenons le chemin du sommet, suivant les cordes fixes placées la veille mais pas la trace, disparue sous l'effet du vent. Rapidement, Phu Dorchi Sherpa, sans doute l'un des grimpeurs les plus forts sur la montagne, prend la tète de notre groupe pour faire la trace. Malgré son aptitude à supporter l'hypoxie, il doit avoir recours à l'oxygène pour continuer son effort. A deux heures du matin, quatre heures après avoir quitté notre dernier camp, nous passons la barre des 8000m et la fin des cordes fixes. Chaque pas laisse une belle empreinte dans la neige, sorte d'escalier qui mène lentement notre petit groupe vers le sommet. Depuis près d'un mois, nous avions en ligne de mire ce couloir de neige sommital : tout le monde s'accordait à penser, peut-être pour se rassurer, que la pente ne devait pas être extrême. C'est donc avec une certaine surprise que nous nous retrouvons à trois heures du matin et à 8200m sur les pointes avant de nos crampons dans une pente raide en neige dure ! Pas plus de traces que de cordes fixes, l'itinéraire qui semblait relativement évident vu du bas, parait plus sinueux dans cette face immense. Si jusqu'à présent l'ambiance de groupe avait prévalu dans la progression, trace, montage de camps..., nous basculons en l'espace de quelques instants dans une prise de décision individuelle. L'absence de cordes fixes sur un terrain suffisamment difficile pour ne pas autoriser d'erreur technique, impose à chacun de faire un choix: continuer ou pas pendant plusieurs heures à plus de 8000m, sachant qu'il faudra ensuite gérer la descente...
Les bonnes décisions ont été prises ; ce soir, chacun a refait ses sacs, prêt à prendre le chemin du retour demain matin... Merci à Jean-François Bourgine pour avoir mis à jour le site pendant la phase sommet et merci à tous pour nous avoir suivis. L'équipe Kangch 2011.
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