Expédition Everest (8848m) - Arête Nord
Avril - Mai 2009
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Calendrier de l'expé
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Film Everest 2007 Ludo Challéat
L'itineraire avec les différents camps
Le camp 3 et le sommet
Photo : Eric Bataillou
Sur l'arête sommitale
Photo : Eric Bataillou
UN PEU D’HISTOIRE…
La mesure de l'Everest
Dès 1807, les Anglais suspectent les montagnes de l’Himalaya comme étant les
plus hautes de la terre. Le capitaine Charles Crawford mesure depuis l’Inde deux
sommets aux alentours de 8000 mètres, ce qui en fait les plus hautes de la terre
« connue », les Andes étant loin de cette altitude.
En 1808, la Grande-Bretagne commence l’énorme travail de cartographie de l’Inde
par le sud du pays. Trente ans plus tard, les équipes atteignent les bases de la
chaîne himalayenne…
A cette époque, le Népal a pris son indépendance par rapport à la Grande
Bretagne et voit d’un œil suspicieux l’incursion anglaise au sein de son
territoire pour faire des mesures et de la cartographie. Le travail est donc
mené depuis l’Inde et commence en 1847 depuis le Teraï ce qui pose plusieurs
problèmes de taille. La période d’observation est réduite à trois mois par an
après la mousson, les distances sont importantes ce qui réduit la précision des
mesures et le paludisme est monnaie courante dans la région.
Malgré toutes ces contraintes, le Kanchanjinga est identifié en novembre 1847
comme étant le plus haut. Un autre sommet, baptisé « Pic b » apparaît également
très élevé mais la distance d’observation plus importante et le faible nombre de
mesures ne permettent pas d’établir de conclusions fiables.
L’année suivante ne permet pas de bonnes observations en raison de l’importance
des nuages.
1849 est une année importante : Nicolson effectue un nombre important
d’observations à partir de nouveaux observatoires situés plus proches des
montagnes. Les résultats concernant les « pic b » et Kanchanjinga rebaptisés
respectivement pic XV et pic IX sont impressionnants mais Nicolson ne peut finir
ses calculs en raison de crises de paludisme.
Ce n’est qu’en 1854 que Waugh (responsable de la cartographie en Inde) et son
équipe commencent les calculs basés sur les observations de Nicolon. Il leur
faut presque deux ans pour annoncer des résultats fiables du fait de la
complexité de la prise en compte de la réfraction importante dans les
observations.
Finalement, en 1856, Waugh annonce les altitudes de 28156 ft pour le pic IX et
29002 pour le pic XV.
Reste alors le problème de nommer les sommets. La philosophie des Anglais, était
jusqu’alors, de garder les noms usuels. Le pic IX devient Kangchenjunga – Cinq
trésors de la grande neige – mais, selon Waugh, trop de noms locaux sont
utilisés pour le pic XV. En fait, le nom « Chomolungma » –
Déesse mère du monde – est utilisé depuis des siècles déjà par les Tibétains et
figure même – Tschoumou Lanckma – sur une carte publiée en 1733 à Paris par le
géographe D’Anville.
Waugh propose donc le nom de son prédécesseur, Everest, responsable de la
cartographie de l’Inde de 1830 à 1843 et auteur de la mise en place d’énormes
théodolites, instruments clés dans l’obtention d’observations de qualité. Malgré
les protestations de Everest, attaché à l’utilisation de noms locaux, la plus
haute cime de la terre devient le Mont Everest.
Ce n’est que dans les années 1950, soit un siècle plus tard, que les Indiens
obtiennent une mesure plus précise de l’Everest – 29028 ft –, soit moins de 0,1
% plus haut que Waugh…
L’exploration de l’Everest
En 1885, Clinton Dent est la première personne à publiquement poser la question
de gravir l’Everest. Dent a étudié les problèmes posés par l’altitude par
l’intermédiaire de ballons gonflables ; il pense qu’ils peuvent être résolus par
l’acclimatation et conclue que l’Everest peut être gravi par l’homme.
En 1892, une expédition anglaise atteint 22600 ft. Dès le début du vingtième
siècle, une expédition à l’Everest est envisagée…
La première expédition, dont le but est de trouver un accès à l’Everest, quitte
l’Angleterre en 1921. Parmi ses membres, figure George Mallory, qui fera partie
des trois expéditions des années 20 à l’Everest.
Départ en bateau de l’Angleterre pour atteindre l’Inde. En avril 1921, l’équipe
est en route pour Darjeeling. Le Népal étant fermé à cette époque, l’itinéraire
d’accès doit être trouvé du côté Tibétain. Cinq semaines après avoir
quitté Darjeeling, au début du mois de juin, l’expédition atteint Tingri, sur
les hauts plateaux du Tibet.
Les trois mois qui suivent sont passés à explorer la région et les différentes
faces de l’Everest pour identifier une voie d’accès au sommet.
Exploration de la face Ouest :
6 juillet : ascension du Ri-Ring, un sommet de 23500 ft situé au nord de l’Everest.
19 juillet : l’expédition atteint le col situé entre le Pumori et le
Lingtren (ouest de l’Everest) et découvre la combe Ouest qui, selon Mallory est
« raide et crevassée ». L’exploration de la face Ouest est alors terminée, aucun
accès facile n’ayant été identifié.
Exploration des faces Est et Nord :
Lhotse et Everest vus du camp 2 du Makalu
28 juillet : l’expédition prend la route de Kharta, à l’Est de l’Everest.
Retour dans la verdure près de la vallée Arun.
7 août : ascension du Kartse, vues superbes sur le Makalu. Mallory
rapportera que le massif qui s’étend ente le Makalu et l’Everest est l’un des
plus beau qu’il ait vu. La face Est de l’Everest est jugée trop technique.
17 août : l’expédition atteint le Lakpa La et peut enfin identifier une
voie d’accès au sommet par le Col Nord.
24 septembre : l’expédition atteint le Col Nord, la route est ouverte…
Col Nord (7066 m)
La première expédition sur l’Everest : printemps 1922
En avril 1922, l’expédition atteint la vallée de Rongbuk et se dirige dans
l’inconnu de la très haute altitude. Les vêtements sont plus appropriés à des
ascensions dans les Alpes, l’expérience de l’alpinisme de la majorité des
membres est très limitée, voire inexistante !
La première tentative est presque un désastre : trois grimpeurs glissent sur une
pente de glace, Mallory évite le drame en les retenant grâce à la corde.
La seconde tentative a lieu le 25 mai à partir du Col Nord. Elle est menée par
George Finch, un australien vivant en Suisse, le grimpeur le plus expérimenté de
l’expédition. Il est accompagné par Geoffrey Bruce, un officier Gurkha n’ayant
aucune expérience de l’alpinisme, et de son aide de camp Tejbir Bura. Les trois
hommes quittent le Col Nord avec 12 porteurs pour établir un camp à 25500 ft.
Le mauvais temps arrive dans l’après midi, l’orage dans la nuit et de fortes
rafales de vent menacent à tout moment d’arracher la tente. En début d’après
midi le lendemain, le beau temps revient enfin ce qui permet aux porteurs de
remonter du Col Nord avec de la nourriture et du thé. En début de nuit, les
effets de l’altitude commencent à se faire sentir ; l’utilisation de l’oxygène
est d’un grand secours. Finch déclare par la suite que l’oxygène leur a sauvé la
vie.
Au matin, le temps est beau, les trois hommes quittent leur tente en direction
du sommet. Tejbir, plus lourdement chargé que ses deux compagnons atteint 26000
ft et redescend, Finch et Bruce continue. Vers 26500 ft, le vent forcit, Finch
décide de quitter le fil de l’arête pour se protéger. Les deux hommes traversent
dans la face Nord pour atteindre l’altitude de 27000 ft puis remonte en
direction de l’arête nord-est jusqu’à 27300 ft. Conscient de leur limite, ils
décident de rebrousser chemin avant qu’il ne soit trop tard…
L’expédition de 1924 : le grand Mystère de l’Everest
Après que Mallory et Bruce aient installé le camp V à 7710 mètres, Norton et
Somervell quittent le Col Nord le 2 juin avec 6 porteurs. Ils montent sans
oxygène et croisent Mallory et Bruce dans leur descente.
Le lendemain, ils partent en direction du sommet sans oxygène, atteignant
l’altitude de 8000 mètres assez rapidement. La suite devient plus difficile,
leur vitesse ascensionnelle chutant de 100 à trente mètres / heure.
Vers 28000 ft, Somervell abandonne, Norton continue pour atteindre pour la
première fois le Grand Couloir (qui prendra dès lors le nom de couloir Norton) à
28126 ft. Devant la raideur de la suite de l’itinéraire, il fait demi-tour.
Le 8 juin, Mallory et Irvine quittent le camp VI à 26800 ft pour le sommet. Noël
Odell, assure le support de l’équipe depuis le camp inférieur.
Camp 3 (8250 m)
A 12h50, les nuages se dissipent, Odell aperçoit Mallory et Irvine quelque part
sur l’arête près d’un ressaut rocheux. Cinq minutes plus tard, les nuages
absorbent à nouveau la montagne ; Mallory et Irvine disparaissent à tout jamais…
La question se pose alors : Mallory et Irvine ont-ils été aperçus au premier ou
au second ressaut ? Ont-ils pu atteindre le sommet ?
Odell pense d’abord les avoir vu au niveau du second ressaut ; il est possible
que le sommet ait été atteint.
L'arête sommitale
Le rapport de l’expédition anglaise de 1933 concernant le second ressaut le
décrit comme étant très raide. Odell doute alors et pense finalement avoir vu
Mallory et Irvine au niveau du premier ressaut. L’expédition de 1933 a retrouvé
un piolet (certainement celui de Irvine) en dessous du premier ressaut, fait qui
semble confirmer l’hypothèse du premier ressaut et le non succès sur le sommet…
Le Tibet est alors envahi par la suite et il faut attendre quarante ans avant de
voir de nouvelles expéditions occidentales sur ce versant.
De nouvelles données réinstallent le doute. Le second ressaut n’est pas aussi
impressionnant qu’il ne paraît vu d’en dessous et il correspond à la description
faite par Odell. Une autre théorie fait son apparition : Mallory et Irvine
aurait pu se séparer (pas assez d’oxygène pour les deux), Irvine descendant et
Mallory continuant vers le sommet…
Les expéditions anglaises des années 30
Quatre expéditions sont organisées dans les années 30. En raison de fortes
chutes de neige et d’une météo capricieuse, aucune d’entre elle ne dépasse le
plus haut point atteint en 1924. Celle qui va le plus haut est celle de 1933,
atteignant 28100 ft (8565 m) et égalant le record de Norton.
La dernière expédition a lieu en 1938, la seconde guerre mondiale suspendra
ensuite toute nouvelle tentative.
La conquête du sommet
Après la seconde guerre mondiale, les portes du Tibet se ferment ; par un
heureux hasard, celles du Népal s’ouvrent…
En 1950, Bill Tilman photographie la Combe Ouest et conclut que la cascade de
glace est une barrière infranchissable.
En Grande Bretagne, un comité himalayen d’après guerre a complètement remplacé
celui d’avant guerre. Sous l’impulsion de Wand, s’appuyant sur des photos
aériennes non officielles, une expédition de reconnaissance est rapidement mise
en place malgré les conclusions de Tilman.
Dès l’automne 1951, l’expédition menée par Eric Shipton, considéré comme
l’alpiniste anglais le plus fort de son époque et ayant participé aux quatre
expéditions des années 30 sur l’Everest, est dans le Khumbu. A ses côtés, Wand
et Hillary…
Le 30 septembre, Shipton et Hillary atteignent l’altitude de 20000 ft sur le
Pumori. Les vues sont excellentes, tant sur le versant Nord-est de l’Everest que
sur la Combe Ouest. A travers ses jumelles, Shipton revit les intenses moments
passés sur le versant Nord durant les années 30 puis bascule dans le futur,
imaginant l’itinéraire menant au Col Sud… Reste le problème de la cascade de
glace.
Fin octobre, l’expédition se dresse au sommet de la cascade de glace, ouvrant
ainsi l’accès à la Combe Ouest et peut-être au sommet. Une crevasse énorme leur
barre la route et l’équipe doit se résigner à abandonner en espérant avoir une
nouvelle chance le printemps suivant…
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