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Sommet pour Claude et Pierre, 8500 sans oxygène pour Steph.
Jean-Marc a dû rebrousser chemin. Les commentaires...
Aveugle à 8550 m.
Après être montés la veille au C3 sans oxygène, lentement, mais sans difficulté particulière, nous avons décider de renoncer à notre projet initial, qui était de tenter l'ascension sans oxygène. En effet, arrivés à 18 heures au C3 il nous était impossible de récupérer suffisamment, boire et manger (ce qu'on peut) pour être "frais" à 23 h. moment du départ. Malgré tout, après une nuit réparatrice de 2 heures, je réveille Martine et persiste dans mon idée de gravir ce sommet sans oxygène.
Après avoir avalé une vague boisson chaude gentiment préparé par Gyalze, le Sherpa de Martine, j'apprends par celui-ci que le Sherpa qui devait m'accompagner dans ce projet, en soutien et sécurité : "est faible" et donc qu' il ne viendra pas. De ce fait Gyalze se retrouve seul pour "assurer" la sécurité de deux personnes. Solide et prévenant, il me recommande de prendre de l'oxygène dès le départ. Je décide cependant de partir sans..., pour accepter son offre 30 mètres après.
Et oui, je prends de l'oxygène après avoir pourfendu son usage depuis toujours, enfin depuis mes lectures d'adolescent du grand Reinhold Messner et son fameux "by fair means". J'en suis réduit à prendre le groin (le masque à oxygène) si je veux avoir une chance de suivre Martine et Gyalze qui lui est sans oxygène mais a le plus des mutants de l'altitude. Bien que portant un sac d'une douzaine de kilos, il se verrait bien faire le sommet sans oxygène tout en nous aidant au besoin.
Nous atteignons l'arête à 8500 et le vent nous saisit immédiatement. Exposés à un vent du Nord glacial, je m'inquiète pour Martine plus sensible au froid que moi. Néanmoins, nous continuons en luttant pour préserver nos pieds et nos mains, Martine étant heureuse de sentir des onglées salvatrices et douloureuses. Avec l'arrivée du jour, j'espère que la température va s'améliorer ou du moins la sensation que l'on en a et que nous allons poursuivre dans des conditions "plus clémentes". Voyant Martine souffrir du froid, je lui propose de s'arrêter au soleil auprès du Mushroom Rock, mais réfrigérée comme elle est, je doute que ce soleil glacial puisse avoir un effet. C'est à ce moment que nous voyons passer Ludo, cet autre mutant de l'altitude, revenant de son ascension sans oxygène malgré les conditions extrêmes du jour, alors que je viens de répondre à Martine que je n'irais pas au sommet tout seul, sans Sherpa pour m'accompagner, le "mien" devant actuellement finir sa nuit sous oxygène au C3.
Je viens à peine de me résoudre à renoncer que Martine m'annonce qu'elle ne voit plus rien, mais vraiment plus rien, et qu'elle a peur. C'est curieux moi aussi, mais je n'ose lui dire afin de ne pas rajouter à sa peur. Imaginez, vous êtes perdus en plein ciel à l'altitude ou vole les avions et votre femme vous annonce qu'elle est aveugle. "Sympathique" situation qu'il s'agit de gérer de la manière la plus calme possible, malgré la charge de stress qu'elle contient. Merci à mes trente deux ans de montagne et à mes vingt deux ans de métier de guide dont il va falloir exploiter toute les ressources maintenant. En cela l'oxygène est une aide précieuse qui permet de rester lucide et de prendre des décisions rapidement, tout en permettant d'assurer pour sauver quelqu'un. Lucidité et efficacité que je n'aurais pas eu sans oxygène (merci le groin). Lentement et avec précaution, nous entamons le descente ou je dois placer les pieds de Martine et lui indiquer chaque prise. Gyalze et Pemba qui étaient avec Ludo, ont la gentillesse de rester avec moi en soutien et après plusieurs heures de galère nous rejoignons le C3. Après un temps de repos à ce camp, nous reprenons la descente vers le C2, pour perdre de l'altitude gagner de l'oxygène et permettre à Martine de retrouver le vue...
François.
Le camp 3 cette année (un champ de détritus) et il y a deux ans
(beaucoup plus propre sous la neige)...
Vers 8350 mètres
Le Makalu (et Steph) depuis 8500 mètres
Lhotse et Cho Oyu
En arrivant sur l'arête à 8500 et au dessus du 3ème ressaut
L'arête nord
Dans le triangle sommital, à 8700 mètres
Claude au sommet, 7h30