En plus des problèmes liés à la très haute altitude, cette journée du 20 mai a été marquée par un vent du nord dont on aurait pu se passer. Martine s'est gelée la cornée et a dû rebrousser chemin (accompagnée par François) au "Mushroom rock" (8500 m). Ludo, Christian, Pemba, Tchembe ont eu la chance de pouvoir continuer jusqu'au sommet.
Au camp 2, le
18 mai
Pemba, en
arrivant au camp 3 (8250 m)
La partie
finale : 2ème et 3ème ressaut, triangle sommital et traversée 8780 m en face
nord
Traversée 8780
m, 4h30
Christian et
Pemba au sommet, 5h30
22 heures, nous sortons de la tente. Pourquoi 22 heures ? Des vents violents se mettent souvent en place sur le sommet de l'Everest en fin de matinée. Enfin, ça s'avèrera être une heure de départ pas du tout optimisée...
Sortir de la tente à cette altitude (8250 m) après quelques heures de sommeil seulement donne toujours l'impression qu'il faudrait mieux retourner au fond du duvet sans tarder... Je double une première personne utilisant de l'oxygène artificiel.
Dix minutes plus tard, sa frontale est loin. ça va, la forme est là comme il y a deux ans. La seule différence (mais de taille) : nous ne somme qu'une petite vingtaine à tenter le sommet aujourd'hui contre plus de cent en 2007. Je rejoins l'arête sommitale relativement facilement et trouve un endroit à l'abri du vent pour boire. Une frontale arrive : c'est Pemba. Nous ferons le reste de l'ascension ensemble.
L'itinéraire est beaucoup plus sec qu'en 2007. J'avais le souvenir de grandes sections neigeuses qui permettaient une progression rapide. Cette année, des pierres instables demandent plus d'attention.
Premier ressaut (10 mètres de rochers équipés de cordes fixes) puis second ressaut (30 mètres de haut équipés de cordes et échelles). Tout s'enchaîne rapidement. Il est deux heures et nous sommes déjà au pied du troisième ressaut. Le vent du nord se fait sentir. Comme je n'utilise pas d'oxygène artificiel, j'ai l'impression que les rafales sont d'une grande violence...
A plusieurs reprises, nous nous arrêtons et Pemba me masse énergiquement. Je pense être plus en forme qu'il y a deux ans et le fait de connaitre l'itinéraire procure un avantage indéniable.
Quand nous débouchons sur l'arête sommitale, les premiers rayons de soleil nous procurent (au moins dans la tête) une sensation de chaleur longtemps attendue. Comme par magie, Christian surgit à une trentaine de mètres. Pour moi, pas de séance photos cette année. Les minutes coutent cher à cette altitude, je replonge immédiatement dans un monde qui nous tolère un peu plus longtemps...
Ludo.
Je rêve tranquillement lorsqu'une main énergique me secoue l'épaule, il n'est pas 21h30 et il faut déjà se préparer. Le temps de boire un peu, d'installer les chaufferettes sur les semelles, le détendeur sur la bouteille d'oxygène et je me retrouve dans la nuit noire en compagnie de Tchembe. Ou sont les autres, mystère? Tchembe part à toute allure, ça promet!
La montagne est plutôt sèche mais il faut quand même marcher avec les crampons et les traversées de dalles déversantes sont assez délicates. Arrivés sur l'arête, un spectacle magnifique s'offre à nous : à l'horizon de nombreux éclairs illuminent les nuages. Après le troisième ressaut vers 8700m le jour se lève enfin, il est 4h30 et nous sortons rapidement sur l'arête sommitale, ou je suis tout étonné de voir Ludo et Pemba juste devant nous.
Quelle chance d'être en forme pour profiter pleinement du sommet. Après avoir bien apprécié le paysage et fait quelques photos, il faut déjà descendre. Après quelques mètres une impulsion subite me fait remonter et là d'autres émotions surgissent. Je pense à tous ceux qui loin d'ici s'inquiètent pour nous, particulièrement mes parents qui ne connaissent que le mauvais coté des expéditions, l'appréhension de la mauvaise nouvelle.
Pour éviter une nouvelle nuit en altitude je décide de redescendre au camp de base avancé en ramassant les affaires entreposées dans les différents camps. A partir du camp 1 ça se complique car je me retrouve avec deux sacs et un baluchon. Ceux qui me connaissent savent de quels jurons je suis capable et là je ne m'en prive pas. Finalement j'arrive à la tente mess, il est 17h30, ça fait 19 heures que je fais le zouave.
Christian.